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dict que la grande esmeutte qu'il avoit trouvée le jour precedent estoit en danger d'entrer plus que auparavant, tellement que l'execution auroit esté differée.
"Nous avons trouvé ce jour d'huy Messieurs de Parlement en ceste volunté, toutesfois nous leur avons dict en plain Parlement l'intention de Vostre Majesté comme chose nous ayant esté commandée; mais ilz nous ont mis devant les yeulx.ung autre grand inconvenient; et les avons laissez sur ceste deliberation. La nuict s'est passée fort paisiblement, et ad ce que nous veoions, ceste matinée passera de mesmes. Toutesfois ne voullans veoir ce que nous craignons, nous avons logé nostre compaignée près l'Hostel de cestedicte Ville, affin de nous tenir prestz à monter à cheval et faire ce que nous debvons à vostre service.
"Nous trouvons que telles manieres de gens marchent la pluspart sans armes, et quelque petit peuple, que l'on ne peult recognoistre, sinon pai­les blessez qui pourront aller eulx faire penser pai­les maisons des barbiers; par le moyen de quoy nous pourrons sçavoir quelque chose. Et sçavons au vray comme les choses pourront advenir; mais nous esperons, Dieu aydant, y faire tout le debvoir que bons subjeetz vous doibvent, et n'y espargner au­cune chose.
"Nous ne voullons obmettre à vous dire, Sire, que au moyen que lad. sédition avoyt commancé en la rue Sainct Denys, environ les deux heures après midy, nous mandasmes querir vingt des plus prin­cipaulx du quartier, present le Conseil de la Ville, qui fut environ neuf heures du seoir; ausquelz nous renionstrasmes l'inconvénient qui pourroit ad­venir de veoir telles séditions, là où il estoit besoing qu'ilz donnassent ordre eulx mesmes, comme chose qui nous touchoit. Mais ilz nous feirent responce que leur permetlans de prandre chef en leurs dizaines, ilz en responderoient. Cella nous sembla de telle importance, pour veoir ce commancement estre une reprinse des arines, qu'il fut advisé et ordonné de eulx tenir en leurs maisons avec leurs armes, pour favoriser la justice ou quelques ungs de nous qui y allissions en personnes, et non aultre­ment. Nous ne pouvons bien satisfaire Vostre Ma­jesté de la suffizance des forces; et nous advertirons tousjours Monsieur le mareschal de Montmorency qui est proche de ceste Ville, affin que veu le surcès il nous distribue de son bon conseil et aide pour vostre service. Et estant ceste matiere de telle con-
DU BUREAU                                               [1671]
séquencé, il nous semble que toutes choses doib­vent estre faictes avec conseil, tellement que Vostre Majesté en puisse recevoir contantement, et à la conservation de ceste Ville à laquelle, après vostre service, il y va de tout ce que nous avons en ce monde, que n'espargnerons pour rendre ce que nous debvons à la charge à laquelle il a pleu à Vostre Majesté nous commectre. Et attendans tous­jours voz bons commandemens, nous supplirons Ie Createur,
"Sire, vous donner en parfaicte santé très longue et très heureuse vie.
"De Paris, ce lundy dixiesme jour de Decembre mil v° lxxi.
"Voz très humbles et très obbeissans serviteurs et subjeetz,
"Les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris, n
"Madame, nous sommes bien merriz de veoir les choses succeder comme nous les veoyons, à cause des esmotions populaires qui ont encores continué. Nous avons adverty la justice, à laquelle nous offrons tousjours aider, pour essayer à prandre les séditieux; mais il ne s'en trouve qui puissent estre recongneuz. Nous éviterons que aucune esmo­tion advienne plus, ou quel cas nous y mettrons el employerons tout ce qui sera en nostre puissance. Et que ainsi qu'il s'est passé Vostre Majesté le pourra entendre par les lettres du Roy, qui nous gardera de vous envoyer d'autre plus long discours, sinon attendans tousjours voz bons commandemens, nous supplions le Createur,
"Madame, vous donner en perfaicte santé très longue et très heureuse vye.
"De Paris, ce dixiesme Decembre 1671.
k Voz très humbles et très obéissans serviteurs,
"Les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris, ji
Au doz estoit escript : A la Royne mere du Roy.
"Monseigneur, nous escripvons au Roy pour ce qui s'est passé en ceste Ville, depuis le dernier pac­quet envoyé à Sa Majesté, pour les esmotions po­pulaires qui continuèrent encores le jour d'hier, à nostre grand regret. Nous vous supplions très hum­blement croire que, quand à nostre costé, nous ferous tout ce qu'il sera possible, ainsique tous bons subjeetz doibvent au service du Roy. Nous avons